LE RAPPORT BOURGUIGNON UNE FAUSSE BONNE NOUVELLE POUR LES METIERS DU SOCIAL .
Le rapport du député B. Bourguignon produit en juillet 2015, avait pu d’abord être perçu comme une victoire par les défenseurs d’un travail social envisagé comme un accompagnement et non comme un service codifié et désincarné par les travailleurs sociaux, étudiants et formateurs défendant la spécificité de nos métiers.
En effet ne l’oublions pas, ce rapport a considérablement miné les ambitions de la CPC (Commission professionnelle du travail social et de l’intervention sociale) CPC qui proposait rien moins qu’une refonte des métiers d’ES, AS, EJE et CESF et donc leur disparition pure et simple au profit de 2 catégories : accompagnateur social et accompagnateur éducatif !
Nous avons su porter ensemble, les valeurs humanistes et émancipatrices de nos métiers. valeurs que nous partageons tout en défendant les spécificités de nos formations, modes d’interventions, savoirs de métiers qui, s’ils sont complémentaires ont, chacun leur légitimité.
Madame Bourguignon a probablement été chargée d’éteindre le feu grandissant des refus et manifestations (dont aveniréduc s’est fait l’écho, avec d’autres et notamment les collectifs d’étudiants). La député a tenté ce que certains on qualifié de « calinothérapie ».
Mais de quoi s’agit en fait ? Plutôt d’un ENFUMAGE !
Une lecture attentive de ce rapport montre :
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d’abord une méconnaissance des réalités des acteurs de terrain (les EJE en sont un exemple évident parmi d’autres)
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ensuite on constate que, derrière un discours en trompe l’œil qui affiche une reconnaissance et une valorisation des professionnels, la volonté d’uniformisation est loin d’être terminée !
Cette stratégie qui avance « masquée » s’appuie sur 2 principaux leviers :
Ce minage se réalise actuellement par la quasi impossibilité de gratification, avec des dispositions instables, changeantes et qui mettent en concurrence les étudiants, les centres de formations. Ce qui les entraine dans une spirale bureaucratique, où chacun, comme les travailleurs sociaux sur le terrain d’ailleurs, se voit passer plus de temps à justifier qu’il rentre dans des cadres très normés et autres procédures, plutôt qu’à réfléchir et travailler sur des questions pédagogiques et des approches cliniques au service des personnes accompagnées !
Ce minage a pour objectif à terme de démanteler le modèle de la formation par les pairs, sur le terrain, pour faire passer le nouveau modèle si valorisé, malheureusement aujourd’hui, qui est celui de la « Rationalité managériale »1 qui vise a transformer le travail social en un vaste système dans lequel , procédures, normes et codifications, entrainent une dépersonnalisation des accompagnements sociaux-éducatifs et une bureaucratisation toujours plus grande des métiers du social.
Ce modèle est importé du monde de l’entreprise, que l’on sait pourtant complètement inadapté à nos contextes d’intervention mais, dont on peut soupçonner qu’il a pour principales visées de réduire de façon drastique l’investissement public dans le travail social et de rendre ses différents acteurs plus dociles et malléables. Ceci en leur retirant a possibilité des la formation, d’une véritable approche réflexive et critique.
Car c’est cela que produirait l’effacement progressif des stages et des approches cliniques ; une impossibilité à montrer que parfois, si ce n’est souvent, les difficultés des personnes accompagnées et « la misère humaine, résulte moins d’un trouble de la personnalité que des dysfonctionnements sociaux, que des imperfections de l’organisation sociale »
(François Aballéa, groupe de recherches Innovations et Sociétés-Université Rouen .)
2) 2eme levier visant la dissolution de nos métiers ; la réforme des niveaux V:
Réforme qui, par capillarité, du fait du nombre croissant de ces personnes, intervenant sur les différents terrains, risque d’entrainer ensuite de nouvelles pressions pour supprimer les métiers existants au niveau III. N’oublions pas que ces professionnels sont souvent en première ligne dans l’accueil des personnes vulnérables ou en difficulté et souvent en souffrance du fait du manque de considération, d’espaces réflexifs et de moyens qu’on leur accorde.
Il y a donc en arrière plan du « gentil » rapport Bourguignon une sourde et persistante volonté de détruire nos métiers et de déjà empêcher, les nouvelles générations de s’y former !
Il nous faut donc nous unir et lutter pour en défendre les valeurs. En particulier celle de la solidarité qui en fait en grande partie l’étoffe.
Lutter également contre l’envahissement des procédures bureaucratiques qui minent la possibilité d’établir avec les personnes accompagnées, des relations de confiance car nous sommes de plus en plus mandatés des missions de contrôle !
Si nous perdions cette « confiance sensible »i qui constitue notre travail quotidien, nous perdrions notre véritable raison d’être et au-delà de nous, c’est tout une partie de la société qui deviendrait plus invisible et fragilisée encore.
Un « ponte » du (soi-disant) management scientifique, Harrington Emerson a dit en substance que «l’efficacité ne doit pas être jugée selon les standards de la moralité, mais c’est la moralité qui doit être jugée selon les standards de l’efficacité. » Construisez la même phrase en remplaçant le mot moralité parsolidarité et vous comprendrez dans quelle logique folle et destructrice du pacte social Républicain (ce que le rapport Bourguignon ne saurait masquer) on veut nous faire rentrer !
ALORS, NON, NE NOUS INCLINONS PAS,
RESTONS DEBOUTS POUR NOS METIERS,
CAR, OUI LE TRAVAIL SOCIAL C’EST NOUS !!!
i Laurence Cornu « La confiance comme relation émancipatrice »